Si la « Planète Cunk » parlait d’interculturalité

Article : Si la « Planète Cunk » parlait d’interculturalité
Crédit:
23 février 2023

Si la « Planète Cunk » parlait d’interculturalité

Planète Cunk Philomena
Photo: Cunk on Earth (Trailer) – BBC / YouTube

« Planète Cunk » (« Cunk on Earth ») de la BBC, une série documentaire parodique, est sur tous les réseaux sociaux. Au centre de la série se trouve une certaine Philomena Cunk, une journaliste qui n’a pas peur de poser des questions inconfortables. Et si elle était une interculturaliste ? Comment se comporterait-elle devant un groupe d’étrangers ?

Philomena Cunk pose des questions inconfortables. Vraiment. Non, elle ne mène pas une investigation sur des sujets sensibles. Il ne s’agit que de reportages documentaires sur la création du monde accompagnés d’interviews de chercheurs dans divers domaines. La seule différence ici est que ces chercheurs font face à une journaliste mal informée. Des questions du genre, « Qu’est-ce qu’un oignon soviétique ? », « Pourquoi les gens dans les vieux films bougent si vite ? Est-ce parce que c’était leur première fois devant la caméra et qu’ils étaient nerveux ? », « Comment se fait-il que des Américains aient le droit de tuer qui ils veulent ? » devraient recevoir une réponse sérieuse.

https://www.youtube.com/watch?v=Hm6AOHq9OL4

Philomena et ses interviewés

Je me suis amusée à imaginer Philomena à mener une émission sur les différences culturelles et interviewer des étrangers dans les différents coins du monde. 

Elle montrerait les cadres de grandes vagues migratoires en les mélangeant avec le clip de Technotronic « Pump Up The Jam ». Ainsi, les paroles « I want a place to stay » prendraient toute une autre ampleur. 

Elle ne manquerait pas de demander juste après le bonjour « Vous avez un petit accent, vous venez d’où ? », ou « Est-il vraiment si confortable de dormir sur le sol ? », ou « Avez-vous des voitures ou vous montez toujours à  cheval ? », ou encore « Montrez-moi la photo de votre ours !». Elle serait certainement déçue des réponses, parce que ce n’est pas du tout ce qu’elle a lu sur le Web.

Elle prononcerait certainement mal les noms de ses interviewés, comme elle l’a déjà fait avec Vladimir Ilitch John Lennon. Elle vous corrigerait évidemment après votre commentaire « C’est Kristina », en insistant sur que « Ici, c’est Christine…»…

Elle raconterait une histoire de son pote Paul qui voyageait en Sibérie depuis Los Angeles en maillot de bain et qui a été indigné par l’absence d’une passerelle d’embarquement à la sortie de l’avion après l’atterrissage. « Des vrais sauvages ! », – il a dit. 

Curiosité naïve

Nous aurions pu admirer cette curiosité débordante qui aurait dû ouvrir les portes à la compréhension d’autres cultures. Mais ne pas connaître les fondements d’une culture, mal interpréter les signes, faire des raccourcis de réflexion, ne pas reconnaître ses torts n’établit pas des relations interculturelles de confiance. Si je devais lui donner un nom, je l’appellerais curiosité naïve ou curiosité offensante. Autrement dit, une façon de poser des questions inappropriées, pour rire ou pour provoquer. Mais comme avec une mauvaise blague qui ne ferait rire seulement une partie, la curiosité naïve ne plairait pas aux étrangers. Cela ne signifie pas qu’ils ne vivent pas déjà cela sur une base quotidienne.

Nous pouvons faire des faux pas dans l’interculturalité, à condition d’analyser et progresser. Malheureusement, Philimena revient toujours à SON idée de départ. J’aime toujours dire que le fait de vivre à l’étranger ou de travailler avec des étrangers ne rend pas forcément quelqu’un interculturellement outillé. On peut très bien voir la différence sans évoluer vers sa compréhension et son acceptation.

« Planète Cunk » est une parodie qui fait beaucoup rire avec son humour anglais épuré. Mais Philomena Cunk aurait certainement du travail à faire pour progresser dans un contexte interculturel pour devenir une vraie ambassadrice interculturelle. Pour cela, comme elle le dirait si bien : « There is a lot to unpack »…

Partagez

Commentaires