Unholy de Sam Smith et nos limites dans l’ouverture d’esprit

Article : Unholy de Sam Smith et nos limites dans l’ouverture d’esprit
Crédit:
22 novembre 2022

Unholy de Sam Smith et nos limites dans l’ouverture d’esprit

Le clip ‘Unholy’ (Photo: Sam Smith/YouTube)

Depuis un certain temps ma recherche des vidéos marrantes sur Instagram s’accompagne par une chanson utilisée comme copycat dans la plupart des vidéos. On dirait du bon RnB comme dans les années 90. Les paroles du refrain m’interpellent « Mummy don’t know daddy’s getting hot / At the body shop, doing something unholy » … Ce mélange des mots familiers avec ce mot oublié « unholy» réveille mon intérêt. Qui est l’auteur de cette chanson et quelles sont ces choses impies dont il parle ?

C’est avec grande surprise que j’aperçois le nom de Sam Smith (en duo avec Kim Patras). La curiosité m’a poussée vers le clip vidéo, les paroles, l’ajout du morceau sur ma playlist… Tout ceci est fini par être joué en boucle. Mais comme la chanson est trop courte et offre peu de texte, la réflexion se concentre à nouveau sur le refrain….

Mais n’y a-t-il pas un peu trop de jugement là-dedans ?

Intro: libérateur ou moralisateur?

Les questions sur l’institution de famille ne sont pas nouvelles pour Sam Smith. Déjà en 2014, Il a lancé la discussion sur les infidélités au sein d’un couple avec son single « I’m Not The Only One »… 

Le choix du sujet n’a donc rien d’étonnant. Sur le plan factuel, les paroles de la nouvelle chanson ne donnent pas beaucoup d’indices de choses « unholy » qui se passent. Le clip, en revanche, suggère quelques idées sur la déviance sexuelle, la débauche. Mais curieusement, tout cela tourne en rond dans ma tête. D’un côté le clip met en valeur le style SM-burlesque, les mots qui n’expliquent rien et qui n’accusent de rien. Mais de l’autre, ce mot fatal, « unholy », qui a, quand même, un caractère moralisateur.

Gottmik et Violet Chachki dans le clip ‘Unholy’ (Photo: Sam Smith/YouTube)

Couplet: des relations des autres…

Mes réflexions s’enchaînent en zig-zag: puisqu’il s’agit de l’histoire d’un couple marié avec des enfants, un petit rappel que la tromperie n’est pas vraiment tolérée dans le monde occidental, peut-être, est possible. Mais que les gens savent et doivent savoir au sujet des relations des autres pour faire ce genre de rappel ? Doit-on présumer que tous les engagements de deux personnes dans une relation sont identiques ? Cela n’exclut-il pas des unions libres ou des relations polygames, ou autres… En outre, ces choses impies sont-elles impies parce que le protagoniste principal est un homme marié ? Et si c’était un célibataire menant une vie sexuelle active, avec toutes les pratiques que le monde offre aujourd’hui ?

Dans la chanson, toute la scène est au courant où cet homme passe son temps. Il parait que toute la scène a le même regard réprobateur, car, potentiellement, ils sont tous au courant des ententes établies dans ce couple… Ainsi, ils imposent leur conception des relations dans un couple.

Le pire dans cette histoire est que le protagoniste principal se confie au narrateur (« Bout all the – you tell me that you do »), le narrateur dénonce publiquement la conduite de cette personne en donnant une couleur aux personnages de son récit (« lucky girl », « dirty boy », « unholy »).

Netflix.com/Lucifer

Refrain: soyez ouvert d’esprit…

Une histoire qui questionne ce que tout le monde pense être normal ou impie. Ce n’est pas nouveau d’entendre dire « Soyez ouvert d’esprit ». Ce critère interculturel m’a toujours interpellée par son obscurisme. Concrètement, de quoi s’agit-il ? Capacité de retenir son jugement et ses évaluations hâtives des attitudes des autres – oui. Mais est-il toujours possible si les attitudes d’autrui vont à l’encontre de notre morale et des codes établis ?

De plus, ce qui peut être facilement excusé par « C’est une autre culture », n’est pas pardonné si vite s’il s’agit de la même culture ( au premier abord ). On peut parler de la culture occidentale avec ses principes de démocratie et libéralisme, la bible comme le curseur du bien et du mal. 

Quoiqu’en réalité, aucun homme ne reflète uniquement les attitudes et les principes de la culture dominante (du pays). Il peut y avoir la culture familiale, d’éducation, du milieu socio-économique et, for God’s sake, la personnalité de chaque personne empêtrée par la combinaison imprévisible de l’environnement et des gènes. Faut-il pour autant tout accepter pour être ouvert d’esprit ? Je l’ignore. Je dirais que l’ouverture d’esprit doit d’abord être vu comme un concept qui n’est pas figé où chacun doit avoir de la souplesse dans ses jugements. Il faut aussi reconnaître que chacun a droit à ses limites, mais aussi chacun a droit à ses perpétrations. 

Épilogue: à chacun ses ses limites

La chanson mérite tous ses crédits et même le fait qu’elle a soulevé la question de ce qui peut être considéré comme « unholy » ou pas. Tous mes compliments vont au réalisateur du clip Floria Sigismondi et à la belle distribution avec Violet Chachki et Gottmik.

Je garde mon esprit ouvert, tout comme « Unholy » sur ma playlist. 

Partagez

Commentaires