6 octobre 2017

Un environnement scolaire britannique « girl-friendly »

Les femmes sont considérées de la même façon que les minorités. Un statut intimidant. Comment la nature et la psychologie féminine nous ont-elles menés à ce résultat ? Après des siècles de combat pour les droits des femmes, ces dernières ont gagné la permission de porter un pantalon, de réussir à condition d’accepter les règles du jeu – règles masculines – et de bénéficier de certains avantages en contrepartie de leur statut de minorité. Le système éducatif est resté en dehors de cette lutte. Les écoles devraient-elles tenir compte du genre ?

Un environnement scolaire « girl-friendly »
Une fille doit être confiante dans l’environnement scolaire : KB

Le débat sur la mixité à l’école n’est pas terminé. Les filles se comportent différemment en présence de garçons, un fait confirmé par les biologistes et les psychologues (Younger, 2016). Souvent, les filles restent en retrait dans une discussion, de peur d’être ridiculisées. Je me rappelle bien d’une situation similaire au lycée (high school en Russie) pendant un cours d’éducation civique, durant lequel nous avions parlé de la culture, de ses sens et significations. J’avais levé la main et dit : “La culture peut s’envisager comme la civilisation ». Sans me laisser le temps d’expliquer mon point de vue, les garçons de ma classe avaient commencé à rire.

Cet incident portant sur la relation fragile entre les notions de « Kultur » en allemand et de « civilisation » en français, deux langues qui ont beaucoup influencé la langue russe, m’irrite toujours. L’institutrice, déjà épuisée par les comportements des adolescents dans la classe, ne m’avait pas demandé de précisions non plus.

Le système éducatif est très lié à la culture d’un pays. La mixité, l’enseignement laïc, l’égalité des chances sont des principes ne devant pas être considérés comme acquis. La culture est une force. Créer un environnement dans lequel des filles d’origines différentes se sentent à l’aise et peuvent s’exprimer librement est l’avenir du système éducatif.

The Girls’ Day School Trust (), un réseau britannique d’écoles indépendantes pour filles

Le @GDST a démontré l’importance de 4 points clés à développer :

Confiance : enquêter, réfléchir et pouvoir défendre son point de vue ;

Courage : être prête pour de nouveaux défis, prête à prendre l’initiative ;

Sérénité: assumer ses responsabilité, être consciente de soi-même et de son impact sur le groupe ;

Engagement : valoriser la collaboration et le partage des connaissances, pouvoir participer de manière critique dans un groupe.

Il est important de créer un environnement dit « girl-friendly » dans lequel les filles peuvent prendre des risques sans perdre la face, sortir de leur zone de confort et gagner des points sans craindre de menaces. Ce ne sont pas des outils ou de la méthodologie dont il est question, mais de la volonté des enseignants et de la compréhension des parents. Le GDST a mené une étude de cas où l’instruction des filles était assurée sans pédagogie spécifique aux filles : après avoir sécurisé cet environnement, les filles prennent confiance en elles et s’ouvrent à a réflexion et aux échanges.

Les stéréotypes sexistes dans la classe

Avez-vous déjà dit ou pensé que les garçons étaient meilleurs en maths ? Moi oui, et j’en suis vraiment persuadée. J’ai vraiment détesté l’algèbre et j’ai compté les jours jusqu’à la fin de l’année scolaire rien que pour me débarrasser de cette matière. Dans le même temps, j’ai beaucoup aimé la géométrie, notamment lorsque l’on devait démontrer des théorèmes ; ces exercices me semblaient magiques, comme si je défendais un innocent devant un tribunal en concluant : « Q.E.D ». Mais comme beaucoup de filles, j’étais plutôt attirée par la littérature et l’histoire, et j’ai donc abandonné la géométrie en me disant que de toute façon je n’étais pas assez douée et que c’était un truc de garçon.

Un autre stéréotype montre les filles comme surreprésentées dans les activités extra-scolaires. Effectivement, j’étais DJ, éditrice en chef du magazine de l’école, journaliste pour un journal de ma ville natale, écrivaine débutante, actrice au sein du théâtre de l’école, représentante de mon école à la mairie, etc.

Enfin, à cause du stéréotype selon lequel les filles doivent être plus appliquées, j’ai été critiquée pour mon apparence, mes habits. Parallèlement à cela, les garçons de ma classe pouvaient perturber le cours ou porter des vêtements de sport au quotidien sans se faire blâmer.

Certains stéréotypes se vérifient mais ils doivent rester raisonnables.

Carrière Vs. Famille

On dit souvent qu’on ne peut pas tout avoir et qu’une femme qui veut poursuivre sa carrière doit oublier l’idée de fonder une famille. Ou que celle qui a privilégié sa vie de famille n’atteindra jamais un échelon avancé dans sa carrière. Ce stéréotype est (en partie) le résultat de notre système éducatif, qui ne promeut pas suffisamment la confiance, le courage, la sérénité et l’engagement.

Regardons cette courte vidéo « Teach girls bravery, not perfection » de Reshma Saujani pour le TED

Le lien est clair entre le vécu scolaire et la gestion de carrière, y compris le comportement au travail. Si on répète 100 fois à une fille qu’elle ne pourra jamais avoir une vie de famille heureuse en étant carriériste/ambitieuse professionnellement, à la 101ème fois elle y croira.

Par ailleurs, la pression exercée sur les filles pour qu’elles obtiennent de bonnes notes tout en demeurant jolies et aimables provoque de l’anxiété et du stress. Nous avons besoin d’écoles qui abordent explicitement la question du genre en encourageant activement les filles à subvertir les stéréotypes de genre.

Ma position ici est ambivalente car on est de plus en plus confronté à la multiplication des genres, et non plus à une division en deux genres masculin et féminin. Séparer les classes en deux genres conduira à une restriction des personnalités de l’enfant. Les classes mixtes garantissent la diversité culturelle et de genre ; sans cela, comment les élèves pourraient-ils à la sortie de l’école gérer ces différences ? Le débat continue.

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